La pluie est une enveloppe. Elle vous infiltre sans demander quelconque autorisation. Elle ne se soucie pas de savoir si vous êtes d’accord ou pas dans son incursion. Elle vous accompagne dans chacun de vos mouvements. Restera présente jusqu’à la fin de votre périple et laissera un souvenir frissonnant.
Courir sous une pluie d’été donne la sensation excise d’un rafraîchissement. Votre peau est directement touchée par l’élément liquide. Vous ne faites plus de différence avec votre propre sueur. Elle est en vous. Votre corps devient un élément parmi d’autres, d’une nature qui impose ses conditions.
Mais courir sous une pluie d’hiver est un combat. Une opposition avec le froid. Vos vêtements dressent leurs armes afin de ne pas se laisser engloutir par ce liquide envahissant. Le froid décide souvent d’accompagner la charge. Elles sont cousines. Intimement liées.
Vous voilà engagé dans une lutte pénétrante.
Les semelles provoquent des jaillissements dans les flaques d’eau. Vous êtes plongé dans une vigilance extrême. L’objectif n’est plus de toucher le sol pour avancer, mais d’avancer sans se tremper. Des reflets tels des miroirs sur le bitume déforment la vision. Les images se troublent sous les vibrations. Et si votre pied tombait au beau milieu d’une flaque, iriez vous découvrir à ce moment là, un monde caché ?
Est-ce vos pleurs sur vos pommettes ? Un chagrin surgissant du néant ? Non. Juste une pluie jouant sur les courbes d’un visage en plein effort. Peut être est-ce le moment de laisser sortir cette mélancolie enfouie. Votre enfance à sauter dans les flaques, vos souvenirs des bateaux éphémères voguant dans les ruisseaux. Une époque où la pluie n’arrêtait pas vos jeux. Ni vos plaisirs.
Stoppant la course, Vous ne vous battez plus. Loin de vous, les gens courent à leur tour. Ils fuient cette pluie maudite. Ce ne sont ni des coureurs, ni des enfants. Seulement des gens qui rejettent cette malédiction, même temporaire.
Assis sur une marche, vous ne résistez plus. Elle finit d’entrer en vous et purifie votre âme, lave votre orgueil et vos envies. La douceur d’une âme d’enfant apparaît. Et un sourire, humide, se dessine sur votre visage.
Vous êtes bien.